Éducation
Les enfants du numérique
Quels sont les produits qui attirent les consommateurs rassasiés d’aujourd’hui ?
Essentiellement des objets qui transportent de l’immatériel,
c’est-à-dire de l’information, des bits, des 0 et des 1, tout ce qui
touche à l’informatique, aux ordinateurs et à l’Internet. Un peu difficile à
assimiler pour les vieillards, l’informatique paraît un « jeu
d’enfant » : voyez mon bébé avec son téléphone, il a tout compris.
Poussez ici un nouveau petit soupir d’émerveillement. Dans leur incommensurable
naïveté, nos contemporains tombent régulièrement en extase devant les prodiges
des petits génies qui jouent sur leurs consoles. Il n’y a pourtant aucun motif
à s’étonner. Tous les enfants du monde apprennent avec une désarmante facilité
des codes autrement plus complexes qu’on appelle les langues. Pourquoi
seraient-ils rebutés par des systèmes binaires pour la plupart, des langages
élémentaires ? Un petit Indien d’Amérique apprend avec la même facilité à
reconnaître les traces des bêtes sauvages sur le sentier de la chasse. Le petit
Africain intègre, sans effort, des schémas rythmiques qu’une oreille
occidentale non exercée n’entendra jamais. Tout cela est affaire d’entraînement
et de pratique, tout le monde en convient. Alors, où est la magie de
l’informatique ? Correspond-elle à quelque chose de tellement essentiel,
de tellement profond qu’elle est « naturelle » aux enfants ? Se
méfier de toute qualification de « naturel ». Alors, comme ça, les
enfants auraient une espèce d’instinct de l’informatique ? Pourtant, rien
n’est moins « naturel » que l’informatique. Les enfants l’apprennent
comme ils apprennent à boucler leurs lacets (enfin, de moins en moins…) ou à
reconnaître leur main droite de leur main gauche.
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