État du monde
La charité ringarde
La déchristianisation qui avance depuis trois
siècles est peut-être en train d’atteindre des points culminants. Jusqu’à ce
jour, elle a été comme contrebalancée par une sorte de christianisation occulte
du monde, ou une sécularisation du christianisme. Les Églises avaient disparu
au « profit » des philosophies socialistes ou communistes, qui
avaient récupéré une partie du langage charitable du christianisme. Dans les
social-démocraties, de même : le Secours populaire faisait pendant au
Secours catholique. Dans les pays capitalistes purs, les services sociaux, les
ONG jouaient les « bons Samaritains ».
C’est ce que soulignait René Girard dans Je vois Satan tomber comme l’éclair
(1999). « Lorsqu’en un point quelconque du globe une catastrophe se
produit, les nations non sinistrées se sentent tenues désormais
d’envoyer des secours, de participer aux opérations de sauvetage. Ce sont là
des gestes plus symboliques que réels, direz-vous. Ils répondent à un souci de
prestige. Sans doute, mais à quelle époque avant la nôtre, et sous quels cieux,
l’entraide internationale a-t-elle constitué pour les nations une source de
prestige ? »
Tout cela a volé en éclats. Le
« socialisme réel » s’est avéré être un système oppressif pire que
ses prédécesseurs. Là où il est encore officiellement actif, en Chine, ou à
Cuba, on ne peut pas dire que la justice a progressé. Quant aux pays
capitalistes, jusque-là prétendument héritier du christianisme, ils se
désengagent de leurs obligations morales, ils ne se sentent plus tenus à
rien, à l’image des États-Unis de Trump-Musk qui désertent les institutions
internationales (Usaid, l’OMS, le GIEC). La droite ultra se prétend chrétienne
et fait tout le contraire de ce qu’elle revendique. Les Évangéliques
soutiennent le dictateur Trump et l’impérialiste Netanyahou. En France,
Pierre-Édouard Stérin et Vincent Bolloré rêvent d’un retour à un Moyen Âge
chrétien. Et ils ont, eux aussi, beaucoup d’argent pour réaliser leurs délires.
Dieu et l’argent réunis sont la signature du Diable.
Le Haut-commissaire
de l'ONU aux droits humains, Volker Türk, a souligné, à la conférence de Genève
du 24 février, que « l’édifice
des droits humains que nous avons construit si péniblement au fil des décennies
n’a jamais autant été mis à l’épreuve »*. Nous en sommes
là.
* source rfi
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