Mimétisme appliqué
Influenceurs, animateurs,
chauffeurs de salles, bonimenteurs
Il n’est pas nécessaire d’avoir lu toute
l’œuvre de René Girard et d’avoir fait une thèse sur la théorie mimétique pour
comprendre comment les influenceurs et autres flagorneurs manipulent les
opinions, les foules, les badauds. Il suffit de regarder The Voice et de
voir comment l’enthousiasme du public est provoqué par les animateurs bien plus
que par les artistes en compétition. Applaudissements télécommandés, bruit de
foule ajouté, amplifié. La ficelle est encore plus grosse avec America’s Got
Talent, Britain’s Got Talent, La France a un incroyable talent,
déclinable sur toute la planète du Japon à la Bolivie en passant par… l’Albanie.
Le monde entier est formaté et doit rire et applaudir en même temps. Il n’est
pas jusqu’à Radio Classique qui n’y aille de ses superlatifs : « Vous
venez d’entendre la merveilleuse interprétation du remarquable concerto n° 5
dirigé par l’incroyable X, Y, Z ». Comme si nous n’étions pas capables de
reconnaître par nous-mêmes une belle œuvre et d’être émus tout seuls par la
beauté de la musique.
Ce « système », directement héritier (copié-collé) de la
publicité, est insupportable. La publicité ne vous offre pas un choix de
produits, elle vous incite à acheter tel ou tel objet en provoquant le désir
d’imitation du « modèle » vu dans la pub. Ce n’est pas le café que je
trouve bon, c’est George Clooney. What else ?
La propagande nazie fonctionnait sur le même principe. Elle a mis au point cette technique et elle l’a poussée à sa perfection. Les néofascistes, acclamés par les foules, ont récupéré la mécanique. Pour cacher l’engrenage un peu gros de la machine, ils l’enrobent sous un discours de liberté. La méconnaissance fait partie du mécanisme. Et les moutons sont tout heureux d’avoir été tondus.
*
Du bonimenteur, Shakespeare en a fait un
personnage haut en couleur, drôle et fripon, le colporteur Autolycus, dans Un
conte d’hiver. Les manipulateurs habiles ne datent pas d’hier. Et que dire
de Marc Antoine dans Jules César ? L’influenceur le plus fascinant
et le plus odieux du théâtre shakespearien est incontestablement Iago dans Othello.
Nous avions été prévenus.
Bien vu ! Shakespeare est PARTOUT !
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