Miroir mimétique
Scène de la vie romaine
Un scandale est
toujours un scandale
L’effroyable révélation des sévices subis
par les élèves de Notre-Dame de Bétharram, pendant des décennies, révèle
en même temps les réflexes mimétiques des « dénonciateurs ».
Il ne leur suffit pas de dénoncer les directeurs successifs et l’encadrement de
l’école, il leur faut aussi « mouiller » l’Église catholique, les
responsables politiques locaux, nationaux, les ministres de l’Éducation
nationale qui se sont succédé et le plus en vue de tous, celui qui est
aujourd’hui sous les feux de l’actualité, le Premier ministre lui-même. On voit
que l’emballement dénonciateur, la « montée aux extrêmes »,
fonctionnent parfaitement. C’est ce que la théorie mimétique désigne par le
mécanisme victimaire*. Les accusateurs se sentent d’autant plus
justifiés qu’ils pensent défendre les misérables enfants-victimes qui sont
passés entre les mains des persécuteurs de l’institution religieuse. Tous les
ingrédients d’un parfait scandale sont donc réunis : la violence, le sexe,
la religion, l’impunité, l’unanimité silencieuse des curieux… Et comme il y a
partiellement prescription, il ne reste plus qu’à s’en prendre aux coupables
présumés que nous avons sous la main. Si ce n’est toi, c’est donc ton frère, ou
ton descendant, ou ton chef…
L’affaire
est consternante, mais elle est banale. En particulier son traitement
médiatique, c’est-à-dire la mise en scène visible de l’accusation.
« Depuis la fondation du monde », le scénario a toujours été le même.
L’ironie de la chose — si nous avions encore envie d’en sourire — est que ce
sont les « forces progressistes », ou « de gauche », qui se
sont déchaînées le plus fort. L’atavisme pesant et collant, le conservatisme
profond, ne sont pas les privilèges de la « droite ». Tout le monde
se retrouve à égalité dans la soumission à sa propre méconnaissance.
Je
ne cherche à excuser personne, sûrement pas. J’observe seulement l’événement et
je m’interroge : qu’est-ce que la justice ?
* Parmi les « victimes » de cette
nouvelle chasse à l’homme se trouvent de vrais salauds et quelques-uns qui se
sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Le mécanisme victimaire
ne fait pas le détail.
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