Pourquoi écrire ?
L’œuvre
« Au moment où l’œuvre se détache de son auteur, tout son être est recueilli par la signification que l’autre lui accorde. »
Paul Ricœur,
Soi-même comme un autre.
« L’épreuve »
de l’écriture est facile. J’écris les livres que personne n’a écrits à ma place,
comme pour combler un manque. C’est parce que j’étais découragé par toutes les
traductions des Sonnets de Shakespeare que j’avais lues que j’ai décidé,
en 2007, de m’y atteler moi-même. Cela m’a conduit à une aventure qui n’est
toujours pas achevée. Je travaille actuellement sur une nouvelle traduction,
toujours insatisfait.
De même mon anthologie de Shakespeare, que
j’ai intitulée Le Petit penseur de Shakespeare, est composée de
citations habituellement ignorées des compilations habituelles. There is a
world elsewhere.
La deuxième épreuve est celle de
la lecture. À partir du moment où mon livre est entre les mains d’un autre,
il ne m’appartient plus. J’écris pour être lu et je redoute en même temps la
lecture qui en est faite. Il y a bien sûr les déceptions (rares mais
mordantes), quand on me fait comprendre que mon livre est « nul ». Il
ne l’est certainement pas, mais je me dis que j’ai « perdu » un
lecteur. C’est aussi stupide, de ma part, que de croire que j’ai « perdu
une vente » si un badaud n’achète pas mon livre dans un Salon du livre.
Réflexe mercantile.
Il y a heureusement des
rencontres plus amicales. Elles ne sont pas rares, mais les « retours »
sont parcimonieux. Pourquoi les lecteurs n’osent-ils pas dire qu’ils ont
partagé mon bonheur d’écrire ?
Et puis il y a les miracles, les
lecteurs (exceptionnels) qui se découvrent à l’unisson avec moi (et moi avec
eux). Ainsi ce jeune homme qui m’a retrouvé par courriel pour me dire : « Ce livre* est devenu
précieux pour moi : je le garde toujours avec moi. » Cette reconnaissance
d’un inconnu est une véritable grâce.
* Il s’agit des Sonnets.
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