Shakespeare
Le don
Shakespeare parle d’oblation. Son
vocabulaire est religieux. Il a été choisi à dessein : mais il s’agit moins
de sacrifice que de communion. Le sacrifice sépare, retranche, exclut, expulse…
La communion, au sens fort du terme, relie, réunit, rassemble. Cette réunion ne
doit pas être contrainte, elle doit être gratuite, comme une grâce. Le seul
sacrifice vraiment chrétien est le don de soi. Il ressemble à l’amour total :
Let me be obsequious in thy heart,
And take thou my oblation, poor but
free,
Which is not mix’d with seconds,
knows no art,
But mutual render, only me for
thee.
Laisse-moi plutôt me soumettre à ton cœur,
Et reçois mon offrande, elle est humble
mais libre,
N’est pas faite d’emprunts, ignore
l’artifice,
Préfère le partage : moi pour toi et rien
d’autre.
Sonnet 125.
Ce don absolu de lui-même, Shakespeare le
fait tout le long des Sonnets.
Thou
art the grave where buried love doth live,
Hung with the trophies of my lovers
gone,
Who all their parts of me to thee
did give,
That due of many, now is thine
alone.
Their images I lov’d, I view in thee,
And thou (all they) hast all the all of
me.
Tu es le
tombeau d’où ressuscite l’amour,
Accroché aux trophées de ceux que j’ai
aimés ;
Ce qu’ils ont pris de moi à présent te
revient ;
Cette offrande plurielle est désormais ton
bien.
Leurs portraits que j’aimais, je les
revois en toi,
Tu les réunis tous en m’ayant tout entier.
Sonnet 31.
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