17 ans

 

 

On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans

 

J’avais dix-sept ans et j’étais fou amoureux de ma prof de français. Elle s’appelait Claire et j’aimais son parfum, ses toilettes, ses audaces et ce goût qu’elle me donnait de moi-même.

  Je lisais Claudel, Péguy, je m’enthousiasmais pour Pascal. On me trouvait original.

   Je croyais en Dieu avec passion, je lisais Teilhard de Chardin, et je voulais « changer le monde ». Je « cherchais la vérité ».

   J’aimais chanter, danser, et être entouré de beaucoup de monde.

   Ayant découvert Rimbaud, je me suis inspiré de son Dormeur du val pour écrire une chanson :

 

La balle

 

Une balle est entrée dans le corps d’un soldat

Une balle est entrée — il sait qu’il en mourra

Une balle est entrée dans le corps d’un soldat

Il est allongé et ne bouge pas

Le soleil a cette insolence

De briller, et dans le silence

On entend :

Maman !

 

Lui aussi était parti

Pour rapporter la liberté

Pour cela, on lui donna

La fleur au canon, les lauriers au front

Mais les fleurs ne l’ont jamais quitté

Et son front d’enfant les a baignées

De sang —

Maman !

 

Et pourtant jusque-là, comme il aimait la vie !

Dans son pays là-bas, où le rêve est permis

Il était heureux, et l’on voit encore

Au fond de ses yeux naître des aurores

Quand le ciel venait à s’obscurcir

Les étoiles savaient bien lui sourire

Pourtant…

Maman !

 

L’automne est arrivé, à présent il est seul

Et les feuilles tombées douc’ment font un linceul

Les terr’s de son pays maintenant ont noirci

Les champs sont esseulés, les arbres endeuillés

Contre le ciel roug’, quand vient le soir

Une femm’ frêl’ dans son costume noir

L’attend…

Maman !

 

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