Autosacrifice
Maigreur idéale
L’idéal de la maigreur, vantée par les
influenceurs et les créateurs de mode, fait des ravages. Amplifiée par les
réseaux sociaux, elle conduit des adolescents à des formes de suicide à petit
feu… Pourquoi tant de souffrance ?
L’idéal n’est pas tant dans la maigreur que dans la
souffrance justement. Plus j’inflige de tortures à mon corps, plus je
« valorise » mon existence. Les martyrs de toutes les religions n’ont
jamais dit, ni fait autre chose.
Deux phénomènes se conjuguent dans cet exercice d’automutilation. Le
premier, le plus évident, est l’aspect sacrificiel d’un tel
comportement. Éternelle illusion que de croire que d’un mal plus grand naît un
bien plus grand. Tout est faux dans cette chimère. La deuxième donnée est mimétique.
« Je » veut être plus maigre que « l’Autre ». Cela
s’accompagne de la fascination pour les mannequins squelettiques. Et bien
naturellement, sacrificiel et mimétisme font bon ménage, puisqu’il s’agit de la
même chose !
À
cela s’ajoute un troisième phénomène — mais il est conforme aux deux premiers.
C’est celui de la culpabilisation. On n’utilise pas ce mot, on
parle plutôt de « stigmatisation » par rapport au regard de l’Autre.
Pour accentuer ce drame, les vêtements, des filles notamment, sont de plus en
plus serrés et les hauts de plus en plus courts. On ne veut pas être maigre
pour être plus beau, plus belle, mais pour être regardé(e). La recherche du
jugement est particulièrement masochiste. Le mimétisme n’opère que dans la
comparaison. Il ne s’agit donc pas vraiment de culpabilisation, mais bien de honte,
comme ressenti du regard de l’Autre. Or, il n’y a rien de plus
« dévorant » que la honte. L’anorexie en est un symptôme édifiant.
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