Les leçons de René Girard

 

 


6 février 1934, la montée des périls, déjà...

La théorie mimétique dévoyée

 

Les supporters de l’équipe Trump-Musk, J. D. Vance et Peter Thiel, se revendiquent comme « girardiens ». Aïe !

   En fait, Mr. Vance a bien lu Des choses cachées depuis la fondation du monde, mais il s’est arrêté au chapitre IV, sans doute épuisé par une lecture aussi dense ! Lui et ses condisciples font de la théorie mimétique l’analyse la plus archaïque qui soit. Ils se revendiquent d’ailleurs comme conservateurs et veulent retrouver, croient-ils, la « Terre promise » qu’a été l’Amérique des premiers colons blancs. À cette différence près que leurs glorieux ancêtres ne rêvaient que de conquérir de nouvelles frontières, eux veulent les fermer et s’enfermer dedans.

   Pour l’instant, ils n’ont rien « reconquis » du tout, ils se sont contentés de casser ce que leurs pères avaient passionnément construit en quatre siècles. Il n’y a rien de cohérent ni de juste dans leur volonté de casser. Il n’y a aucune eschatologie. Quel désir les pousse en avant ? Aucun, à part l’appât du gain. Et ils ne parviendront à leur fin qu’en ruinant beaucoup de monde, y compris beaucoup de ceux qui les ont élus. Vont-ils « résoudre la crise » réelle où l’Occident, comme le reste du monde, s’enfonce ? Il est plus que probable qu’ils vont l’exagérer.

   La « tentation du pire » est très sacrificielle ! Avec la joint-venture Trump & Co, nous ne voyons aucune lumière au bout du tunnel, les agitations et les paroles véhémentes ne sont que les symptômes de la crise et rien de mieux. Passé l’effet de surprise entretenu par cette équipe de farfelus — effet de surprise dont ils ont plus ou moins conscience qu’il ne durera pas longtemps —, la catastrophe va se précipiter. Imagine-t-on l’alliance Trump-Poutine durable, avec leurs egos démesurés ? La mécanique mimétique va fatalement s’enclencher et les « lecteurs avertis » de Girard en seront pour leurs frais.

   Quant à l’Europe, une partie de ses « élites » est aussi tentée par la politique du pire : forte est la tentation de ne pas courir au secours des victimes, et l’Ukraine est leur terrain de jeu autant qu’il est celui de Poutine.

   Mais on sent bien aussi qu’une conscience se fait jour parmi les dirigeants, et plus encore parmi les Européens au sens large. Cette conscience des faibles (et Dieu sait qu’on nous répète assez que l’Europe est faible !) aura-t-elle raison des plus forts ? Le doux finira-t-il par l’emporter sur le dur ? Nous n’avons jamais autant eu besoin de Michel Serres.

 

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