Morale provisoire

 

 

La droiture

 

     I am that I am, and they that level
     At my abuses reckon up their own ;
     I may be straight though they themselves be bevel.


 

      Je suis qui je suis ; ceux qui mettent en joue

     Mes errements ne font que recenser les leurs.

     Peut-être suis-je droit quand ils sont tous obliques.

 

Sonnet 121.

 

Le mot « droiture » est désuet. Mes contemporains le comprennent-ils encore ? Le mot est rare : a-t-il un synonyme ? Devant l’expansion de l’imprévisibilité, dont les nouveaux tyrans se font une arme, la droiture représente la plus belle attitude qui soit. Il résonne avec confiance, fidélité, « parole donnée », « promesse tenue ». C’est un concept magnifique, il est miraculeux quand il est respecté. On représente toujours le fourbe le dos courbé. L’homme droit inspire le respect.

   J’ai toujours mis la droiture dans la liste prioritaire de mes principes ou de ma « morale provisoire », comme l’appelait Descartes. J’ai enseigné la droiture à mes enfants, à mes élèves… Je l’ai exigée de moi-même. Dans mon enseignement, rien n’était dissimulé, je disais ce que je faisais, je respectais mes élèves comme des personnes d’égale dignité à la mienne, et je leur ai toujours rendu ce qui leur revenait : leurs devoirs, leur image parfaite. La droiture n’est pas un principe qui empêche l’affection, au contraire, j’ai ainsi pu faire mienne la belle phrase de François Truffaut : « …pouvoir vivre normalement, c’est-à-dire aimer sans méfiance. » Les enfants possèdent cette qualité innée, qu’en font les adultes ?

 

Commentaires

  1. N'est-ce pas Alexandre Dumas père qui a dit "Comment se fait-il que les enfants étant si intelligents, la plupart des hommes soient bêtes ? Cela doit tenir à l'éducation" ?

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