Théorie du genre ou pas
Quel besoin d’une définition ?
J’ignore si je suis de sexe masculin « de
naissance » ou si mon « environnement social et culturel » m’a
fait ce que je suis. Je ne revendique pas non plus une définition autonome de
ma « nature ». Mais de savoir que je partage avec les
suprématistes-blancs-occidentaux-chrétiens-etc. une certaine ressemblance
m’exaspère au plus haut point. Ce n’est pas tant que je leur
« ressemble » (quelle horreur !), c’est qu’ils prétendent
m’inclure dans leur sous-sous-catégorie d’imbéciles autoproclamés.
Quand je me sens tout proche des idées de Simone Weil, quand je
m’inspire de Nelson Mandela, quand le juif Jésus bouleverse tous mes repères,
je me dis que mon « environnement social et culturel » m’a gravement
contaminé, mais je ne suis pas devenu noir pour autant, ni juif, ni femme, à la
manière de Zelig*. Quand je m’oublie complètement dans la fascination des
danses tibétaines, des musiques africaines, et devant la beauté des costumes
des Indiens d’Amazonie, je sens que j’emplis jusqu’à ras bord mes capacités
d’empathie, sans jamais remettre en cause mon moi, mon identité, que
sais-je ?
Comme Michel Serres, je ne confonds pas mon identité et mon appartenance. Ceux qui veulent me faire appartenir à telle ou telle catégorie en sont pour leurs frais. Mon identité plurielle est bien plus riche que leurs étiquettes autocollantes. Et non, je ne suis pas ou l’un ou l’autre, je suis tous ensemble en même temps. Qu’aurais-je à faire de changer de sexe, de couleur de peau, de passeport ?
Et
par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.**
* Film de Woody
Allen, 1983.
** Paul Eluard, Poésie et vérité, 1942.
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