Sacrificiel

 

 

Détruire 

Je reçois un paquet de la poste. Que vais-je faire de l’emballage ? Le carton est un peu grand pour ma poubelle de recyclage. Il me faut le piétiner, le déchiqueter, le réduire en petits morceaux, et j’y prends un plaisir délicieux…

   Cette satisfaction est-elle la même que celle qu’on éprouve en attrapant un papillon dans un filet ? Ou celle qu’on ressent en chiffonnant un brouillon qu’on jette à la panière ?

   S’agissant d’humains, je ne suis pas plus héroïque qu’un autre. Je sais que les faire souffrir peut procurer une petite jouissance. Ainsi dans un oral de concours, jusqu’où pousser l’interrogation, pour voir quand le candidat va s’écrouler ? Ce peut être un « jeu », un exercice pour tester les limites intellectuelles et culturelles du candidat, et juger de sa résistance. Plus il « tient », plus la note sera élevée. Mais en même temps, quelle nécessité à ce sacrifice ? Surtout qu’il s’accompagne, de la part de l’interrogateur, d’une petite excitation, une forme de délectation sadique.

   Toutes ces sensations inavouables, je les ai connues. Et comme « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition », j’imagine qu’il en est de même pour mes congénères. Sans doute à des degrés divers. Pour en venir à anéantir un peuple entier, il faut avoir dépassé, depuis longtemps, le petit plaisir d’arracher les ailes à une mouche. Comme les drogues, il faut toujours augmenter la dose. La méchanceté est plus qu’une drogue, c’est un poison.

 

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