Mimétisme
De quoi est fait le mimétisme
des méchants ?
Toutes les rivalités, et toutes les guerres ont pour origine un mécanisme mimétique bien connu (grâce à René Girard) : la dispute d’un territoire qu’on devrait sensément partager. La guerre en Palestine en est le prototype et, pourrait-on dire, le champ d’expérimentation. Sans vouloir excuser Benjamin Netanyahou et son gouvernement d’ultra-droite, force est de reconnaître qu’ils ont à se défendre d’un ennemi qui a juré la disparition d’Israël : l’Iran et ses vassaux, le Hezbollah et le Hamas. Ce conflit mimétique est arrivé à un tel point d’incandescence que l’on peut être presque certain qu’il est sans fin ─ comme son origine se perd dans la nuit de l’Histoire. C’est effrayant et c’est fatal. Il est attristant de constater que les Juifs, peuple victime s’il en est, ont endossé ce rôle sordide de vengeurs, et ils sont prisonniers de leurs propres représailles. Œil pour œil. Dépasseront-ils jamais cette aporie ?
Que dire
de Poutine qui jure que les Ukrainiens sont des Russes et qui les bombardent
sans merci ? Il ne s’attaque même pas à des rivaux. Il s’en prend à ceux
qu’il considère comme ses frères. Contre qui en a-t-il, en réalité ? De
quoi se nourrit son ressentiment ? Quel sentiment de persécution cherche-t-il
à soulager ? Sa motivation est d’autant plus absurde qu’elle est sans
fondement, comme autoproduite. Poutine se croit persécuté par l’Occident tout
entier et c’est un pur fantasme. Qui a envie d’envahir la Russie ?
Personne, justement ! Alors, faute d’ennemi reconnu, le voisin est tout
désigné pour être « le rival ». Les Ukrainiens sont les représentants
de l’Occident, ils en sont les plus proches, géographiquement et
historiquement. Ils sont des ennemis de substitution ─ processus classique de
la rivalité mimétique. On parle de « proxy », ou tout simplement de
bouc émissaire. Les Ukrainiens paient pour la jalousie morbide de Poutine
vis-à-vis de l’Occident. En somme, la guerre en Ukraine est une guerre pour
rien. Ce qui la rend absurde et d’autant plus atroce.
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