Tous irresponsables

 

Olympe de Gouges

 

Détermination neuronale,

sociétale ou environnementale

 

Les scientifiques et les experts qui avancent que nos comportements, notre personnalité, notre « nature profonde » sont le fruit de notre ADN, le produit de notre éducation et de notre environnement social, ne cherchent qu’à nous décharger de nos responsabilités. Nos actes seraient dictés, disent-ils, par des déterminismes dont nous n’avons pas conscience. Les religieux qui croient en la prédestination ne pensent pas autrement. La raison scientifique qui en rajoute sur le thème est vraiment la dernière qui soit habilitée à confirmer ces théories fumeuses.    

   C’est le fameux habitus de Pierre Bourdieu. Quelle lâcheté pousse les humains à se renier ? Quelle « crise du désir » les pousse à cet abandon ? Quelle forme de courage faut-il pour ne pas tomber dans l’habitus.

   Il est courant de constater que beaucoup de vraies personnalités se sont « construites » contre leur environnement. Cela donne généralement des personnes fortes, qui laissent des traces, des individus qui bousculent les règles communes et mimétiques, et qui imposent même de nouveaux modèles. Beaucoup de femmes devenues célèbres ont eu à vaincre leur conditionnement originel. Olympe de Gouges, Lucrèce Borgia, Jeanne d’Arc, la liste est infinie.

   Car en retirant à l’humain sa liberté et sa qualité de sujet, en en faisant un objet soumis à des règles contrôlables (par les influenceurs ou les tyrans, par exemple), en le déresponsabilisant, on lui retire justement ce qui en fait un humain. En le déculpabilisant, on le réduit à une caisse de résonance, un pantin. Tout le contraire de la vraie nature humaine. Comme le dit le poète guadeloupéen Daniel Maximin : « Tout chez nous ne vient pas de l’esclavage, si je puis dire, mais de la résistance à l’esclavage. » Cette simple vérité grandit tous les descendants d’esclaves et en fait des hommes libres et non plus des victimes condamnées à perpétuité.

   En allant plus loin, Michel Serres refuse de réduire l’individu à ses appartenances. « La libido d’appartenance porte à la plupart des crimes de l’histoire », va-t-il jusqu’à dire. Renoncer à son « appartenance » est d’abord un acte douloureux. « Sortez de votre zone de confort », proclame la publicité. Non, la rébellion n’est pas une initiative facile.

 

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